SITE AGASM ONDINE

AGASM.AMICALE ONDINE CHERBOURG ET COTENTIN

Il y a 90 ans, le Prométhée disparaissait corps et biens au large du Cotentin

SOURCE

Il y a 90 ans, le 7 juillet 1932, le Prométhée disparaissait corps et biens. Ce fut l’une des catastrophes maritimes les plus marquantes du Cotentin. 62 hommes y perdirent la vie.

Le naufrage du sous-marin Prométhée le 7 juillet 1932 a suscité une vive émotion en France, et même dans l'Europe entière. Les cérémonies du 14 Juillet 1932 ont été annulées à Cherbourg.
Le Prométhée lors de ses premiers essais à la mer. Le 7 juillet 1932, le sous-marin a brutalement sombré devant le cap Lévi, emprisonnant soixante-deux marins et personnels de l’arsenal de Cherbourg. (©DP)
La Presse de la Manche
Mon actu

Le jeudi 7 juillet 1932, il faisait beau sur Cherbourg. Vers 9 heures, le sous-marin Prométhée avait appareillé du port militaire pour poursuivre ses essais. À son bord, un équipage de quarante-sept marins, sous le commandement du lieutenant de vaisseau Amaury Couespel du Mesnil, et vingt-deux ouvriers, techniciens et ingénieurs des constructions navales. La journée devait être consacrée à des essais de propulsion en surface.

Mis sur cale en juillet 1928, lancé le 23 octobre 1930, le Prométhée n’avait pas encore effectué sa première plongée. Celle-ci était prévue quelques semaines plus tard.

À lire aussi

Un fleuron de la Marine nationale

Ce sous-marin était le troisième de la série des 1 500 tonnes, dont trente-et-une unités ont été commandées par le ministère de la Marine entre 1924 et 1930. Cherbourg n’était à l’époque pas le seul port constructeur de sous-marins : neuf bâtiments lui avaient été confiés, et assemblées dans les cales 3 et 4 de l’arsenal.

 

Conçu par l’ingénieur général du génie maritime Léon Roquebert, ce sous-marin dit de grande croisière sera sans doute le plus réussi de l’entre-deux-guerres. 92,30 mètres de long, une propulsion diesel-électrique, doté de onze tubes lance-torpilles, un rayon d’action de 10 000 nautiques… Le Redoutable et le Vengeur seront d’ailleurs les premiers sous-marins à traverser l’Atlantique.

Le Prométhée, lui, avait débuté ses essais en décembre 1931. En ce début juillet, alors que les travaux d’achèvement se poursuivaient à bord, le sous-marin devait tester ses moteurs électriques et établir les courbes de puissance de ses moteurs diesel. Il avait mis cap à l’est et, vers midi, se trouvait au nord du cap Lévi.

 

À lire aussi

« Il s’enfonçait sous mes pieds »

Quelques marins prenaient leur déjeuner sur le pont lorsque débutent les essais des diesels. « J’ai entendu un bruit bizarre. J’ai pensé que quelqu’un était tombé à la mer, je suis monté au plus vite », rapportera le commandant. En arrivant dans le kiosque, l’eau envahissait déjà le pont du sous-marin.

Soudain, j’ai senti que le navire s’enfonçait sous mes pieds.

Yves Nicolle, le patron pêcheur de l’Yvette II, et son matelot Claude Colin, avaient mis leurs filets à l’eau non loin du sous-marin. Ils entendent des appels au secours et vont récupérer sept marins accrochés à des bouées. Le petit bateau de pêche rentre aussitôt sur Cherbourg pour donner l’alerte.

À lire aussi

Impossible à renflouer

Soixante-deux personnes, marins personnels de l’arsenal, sont restées prisonnières de la coque, qui gît par 75 mètres de fond. Mais l’armada aussitôt déployée sur la zone du naufrage est impuissante.

Le 9 juillet, deux bâtiments spécialisés, l’Artiglio et le Rostro, arrivent à Cherbourg avec des scaphandriers. Un train spécial amène aussi de Toulon avec des tuyaux permettant de passer de l’air comprimé, des lampes sous-marines et des scaphandres de grande profondeur.

Les « pieds lourds » auront beau taper sur la coque, ils n’obtiendront aucune réponse.
Des experts seront consultés pour un éventuel renflouement, permettant de rendre les corps aux familles. Tous concluent rapidement à l’impossibilité de l’opération.

Dans les semaines qui suivront, de nombreux courriers seront adressés à la préfecture maritime, avec des propositions, certaines farfelues, pour remonter le sous-marin. Ils sont conservés au service historique de la défense.

À lire aussi

Jugement

Le 3 novembre, un conseil de guerre se réunit pour juger le lieutenant de vaisseau Couespel du Mesnil. C’est la règle lorsqu’un commandant perd son navire. L’audience permettra de comprendre les causes du naufrage : une ouverture « inopinée, rapide et générale des purges » permettant de remplir les ballasts. « Ce n’est pas le commandant qui a quitté son bateau, c’est son bateau qui l’a abandonné », reconnaîtra le représentant du ministère public dans son réquisitoire.

Cet article vous a été utile ? Sachez que vous pouvez suivre La Presse de la Manche dans l’espace Mon Actu . En un clic, après inscription, vous y retrouverez toute l’actualité de vos villes et marques favorites.